Libérer la parole autour de la santé mentale
La santé mentale est plus que jamais sur le devant de la scène en France et également à l’international.
Les crises se succèdent, les chocs ébranlent les pays et les populations. Pour autant, la culture de chaque pays a définitivement un impact sur la prise en compte et les avancées en matière de santé mentale.
Mélina Foo, Directrice Marketing et Communication de MAXIS, nous apporte sa vision internationale de cet enjeu qui se joue au plus profond de chacun.
Mélina, quel regard portez-vous sur la santé mentale des employés des multinationales ?
Déjà, cet éclairage, je le tire des enseignements que MAXIS perçoit auprès des multinationales que nous assurons, plus de 250 ! Plus concrètement, MAXIS est un réseau d’assureurs qui proposent à de grandes entreprises des solutions de protection sociale pour couvrir leurs employés partout dans le monde. Nous sommes leaders sur le marché et présents dans plus de 120 pays. Notre réseau de près de 140 assureurs partenaires, nous permet de capter les évolutions sociétales localement et d’en dégager des tendances par zone géographique. Mais, je reviendrai plus loin sur ce point.
Commençons déjà par la santé des employés des multinationales. Aux quatre coins du globe, l’assurance santé reste l’un des avantages les plus prisés des employés, 36 % (1) d’entre eux affirmant qu’il s’agit de l’avantage qu’ils apprécient le plus. La santé est donc considérée comme un sujet primordial dans leur protection sociale.
En 2020, de nombreux pays ont vu les coûts liés à la santé mentale, exprimés en pourcentage du total des remboursements, augmenter. Par exemple, au Chili, les remboursements liés à la santé mentale ont augmenté de 22 % par rapport à l’année précédente et au Royaume- Uni, ils ont bondi de 49 % par rapport à 2019. Pour autant au global, la santé mentale reste largement encore mineure au regard des autres dépenses de santé(2).
Pouvez-vous nous communiquer quelques illustrations par régions du monde ?
Oui, absolument. En Europe, la santé mentale représente + de 3% des remboursements alors qu’en Amérique latine, nous sommes à peine à 0,3% et au Moyen Orient-Afrique du Nord 0,8%. Il existe des disparités entre les régions du monde même si le recours à ce type de soins reste encore trop marginal (3).
Alors justement, pour vous, quel est le frein majeur à ce faible recours aux soins en matière de santé mentale ?
Avant la pandémie, les services de santé mentale étaient sous-représentés en raison de la stigmatisation et des tabous encore bien présents dans de nombreux pays. La pandémie n’a fait qu’accentuer la nécessité d’avoir un accès équitable à l’accompagnement psychologique, peu importe l’endroit où vous vous trouvez. Les effets de la pandémie de COVID-19, à savoir l’isolement social, la perte d’emploi, le décès de proches, les restrictions, ont très probablement contribué à aggraver les troubles liés à la santé mentale.
À mesure que la parole se libère autour des questions liées à la santé mentale et que les comportements évoluent, la stigmatisation des patients cherchant de l’aide pour soigner leurs troubles de santé mentale semble s’atténuer.
« Pour la première fois, nous avons identifié des remboursements liés à la santé mentale à Taïwan et en Thaïlande »
Nous espérons que la COVID-19 aura commencé à libérer la parole autour des troubles de santé mentale et de l’importance de les soigner. Et ce d’autant que d’autres sujets d’anxiété viennent s’ajouter avec les tensions géopolitiques sans oublier l’éco-anxiété qui grimpe en flèche.
Quelles tendances et pistes se dégagent selon vous ?
La pandémie de COVID-19, a donc élevé la santé mentale au rang de problème social. La bonne nouvelle, c’est que de dans de nombreux pays, notamment en Europe, de grandes campagnes de sensibilisation des organisations de santé publique ont été mises en place pour entre autres déstigmatiser les sujets liés à la santé mentale. Par exemple, en France, Santé Publique France a déployé des campagnes en mettant l’accent sur les 18-24 ans, qui ont été particulièrement touchés. De même pour la NHS au Royaume-Uni qui a également mené des campagnes de sensibilisation via les réseaux sociaux avec notamment celle avec les paroles de la chanson Help ! des Beatles. L’existence de ces campagnes en Europe et la libération de la parole expliquent-t-elles le taux plus élevé de remboursements liés à la santé mentale dans cette région ?
Je voudrais aussi citer les docteurs Tomkins et Harwood d’AXA Health, qui ont dans un livre blanc publié récemment, tout à fait pointé du doigt, un de nos paradoxes collectifs : « On nous encourage à faire réviser sa voiture pour qu’elle continue à fonctionner ; enfants, on nous a dit de brosser nos dents pour éviter les caries et une fois adultes, beaucoup d’entre nous surveillent leurs régimes et pratiquent une activité physique. Pourtant, on nous donne souvent l’idée qu’être stressé et anxieux est un signe de faiblesse, qu’on devrait ignorer nos inquiétudes pour être productif, malgré nos soucis. »
Il y a donc selon moi, une sensibilisation à réaliser dès le plus jeune âge, pour que les bons réflexes soient intégrés. Certains pays, comme le Canada, parle beaucoup plus librement de ce sujet. Être accompagné par un thérapeute n’est pas perçu aussi négativement ! Mais cela ne doit pas s’arrêter à la sphère personnelle.
« Les entreprises ont également un rôle à jouer pour briser les tabous et mettre à disposition de leurs salariés des services innovants »
Par exemple, à Hong Kong, une première expérimentation a été mise en place avec le Fonds AXA pour la Recherche en s’appuyant sur la réalité virtuelle. Les patients participant à ce dispositif souffraient d’évitement social, d’anxiété sociale, de dépression et de peur d’une évaluation négative. Le programme de réalité virtuelle autoadministré comprend cinq scénarios : avec un dépanneur, dans un café, dans un autobus, dans une rue ou encore dans une clinique médicale. Un « coach virtuel » accompagne les participants dans une série de tâches graduées, tel que passer une commande dans un café ou bien établir un contact visuel pour les aider à progressivement réduite leur anxiété.
De nouvelles possibilités voient donc le jour !
On constate donc que des signaux positifs émergent. Il nous appartient collectivement de continuer à creuser ce sillon, pour permettre à chacun de vivre une vie encore plus épanouie.
(1) Enquête réalisée par MAXIS GBN auprès de 1 205 employés en octobre 2021 au Royaume-Uni, aux États-Unis, aux EAU, en France, en Espagne, en Afrique du Sud, au Mexique et en Indonésie, à parts égales entre les régions. Cette étude a été réalisée en ligne par un tiers indépendant.
(2) Source : livre blanc MAXIS « TOUR D’HORIZON DES SYSTÈMES DE SANTÉ PRIVÉS DANS LE MONDE » 2022
(3) Divers, American Medical Student Association https://www.amsa.org/mental-health-in-latin-america/ (source : décembre 2021)
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