Grand âge et autonomie : de nouvelles perspectives ?
Selon l’Organisation des Nations-Unies, le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans va être multiplié par trois d’ici à 2050.
Lucie TALEYSON, Directrice Technique et Innovation AXA Santé & Collectives, nous apporte son éclairage sur les enjeux liés à ce vieillissement.
L’allongement de l’espérance de vie a pour corollaire la croissance importante de personnes souffrant de pathologies chroniques ou en état de dépendance, avec des coûts associés en forte hausse. Quel est l’état des lieux et de quoi peut-on vraiment se prémunir ?
Au cours des 60 dernières années, les hommes et les femmes ont gagné en moyenne une quinzaine d’années d’espérance de vie*, ce qui est avant tout une excellente nouvelle !
Les taux de mortalité aux grands âges baissent fortement.
Nous assistons à l’émergence d’une catégorie,
toujours plus nombreuse, de « supercentenaires ».
La probabilité de devenir sévèrement dépendant augmentant fortement avec l’âge, le vieillissement de la population entraîne mécaniquement une hausse du nombre de personnes dépendantes.
En France, lorsqu’une personne âgée ne peut réaliser seule certains actes de la vie quotidienne, elle peut demander à bénéficier de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) qui constitue un premier niveau d’aide. Pour autant, le reste à charge et l’aide informelle des familles restent très significatifs et il y a urgence à solvabiliser les familles face à ce risque.
Il y a entre 1,3 millions et 2,5 millions de personne dépendantes (1,3 millions de bénéficiaires de l’APA et 2,5 millions selon une estimation de la DREES). Le besoin de financement global lié à la dépendance pourrait largement doubler d’ici une trentaine d’années. A l’heure actuelle, les acteurs publics financent la dépendance à hauteur de 24 milliards d’euros (soit environ 1% du PIB), le coût réel avoisine plutôt les 50 milliards d’euros, si l’on ajoute les différents restes à charge non comptabilisés ainsi que toutes les aides informelles.
Une réforme de la prise en charge de la dépendance est annoncée. Plusieurs rapports ont proposé des pistes : si le rapport Libault prône un financement majoritairement public, le sénateur Bernard Bonne envisage le recours, à titre complémentaire de la solidarité nationale, à une solution assurantielle obligatoire (adossée aux contrats santé par exemple). Ce type de solution, soutenue par la FFA et la Mutualité, permettrait de couvrir rapidement une grande partie de la population et d’accélérer le développement du marché de la dépendance.
En ce qui concerne l’assurance privée, les assurances collectives sont très intéressantes à plusieurs titres, outre la participation de l’employeur, elles permettent de bénéficier pleinement d’effets de mutualisation, et de générer un coût d’entrée moins élevé pour les salariés pendant la vie active.
Il est à noter que les femmes sont particulièrement concernées par la dépendance et subissent une « triple peine » : d’une part elles sont plus à risque, elles ont en effet une probabilité plus importante que les hommes de devenir dépendantes car elles atteignent en moyenne des âges plus élevés et leur dépendance dure plus longtemps en moyenne, d’autre part elles touchent des retraites moins élevées, et enfin, les aidants sont majoritairement des femmes (57%).
Des aidants à soutenir
En effet, qui dit dépendance dit aidant ! Qui sont ces aidants et comment AXA peut les accompagner ?
La France compte 11 millions d’aidants, soit 1 Français sur 6**. Pour l’aidant, au choc psychologique et financier, s’ajoute un grand bouleversement organisationnel.
Il a fallu attendre la proposition de loi Grand âge pour que l’aidant soit officiellement reconnu et soutenu, avec notamment l’introduction d’une indemnisation pour congé du proche aidant.
Axa a été pionnier sur le sujet de l’aide aux aidants, avec des couvertures pour les salariés aidant un parent dépendant, cela a été intégré dans son offre dépendance depuis 10 ans.
Face à ce « Silver tsunami », de nombreux pays réfléchissent
à la mise en place de couverture publique
et privée du risque dépendance
La France n’est pas le seul pays à vieillir. Pouvez-vous mettre en lumière certaines initiatives internationales ?
Effectivement, selon l’OMS, la population mondiale vieillit rapidement. « Entre 2000 et 2050, la proportion de la population mondiale de plus de 60 ans doublera pour passer d’environ 11% à 22%.
En Allemagne par exemple, il y a des couvertures publiques et privées. Toute personne affiliée à une assurance maladie privée est tenue de souscrire à une assurance dépendance. Le marché de la continue à bien se développer. Pour les personnes rattachées à l’assurance maladie publique, elles sont automatiquement affilées.
En Asie où le vieillissement s’est particulièrement accéléré, l’aide informelle de la famille est massive Cet les besoins de financement colossaux. Le marché assurantiel a commencé à s’organiser dans quelques pays et a un potentiel considérable de développement.
Au-delà des difficultés évoquées, le vieillissement a aussi ses vertus. Il impacte le développement de tous les secteurs : transports, santé, habitat, loisirs, etc… La « Silver Economie » se structure et devient un axe de croissance important.
La recherche médicale se développe, avec AXA Research Fund, Axa soutient de nombreux programmes innovants pour un meilleur vieillissement.
Les pouvoirs publics ne pourront pas absorber la totalité du financement de la dépendance et gérer seuls l’intégralité du risque dépendance. Les assureurs ont toute leur place et d’autres opérateurs doivent entrer en action, comme les entreprises, vont devoir jouer un rôle accru en sensibilisant et en protégeant leurs salariés.
* https://www.insee.fr/fr/statistiques/4160025
** Selon le baromètre 2019, Fondation April et BVA
Service
Aide aux aidants
Les salariés bénéficient d’un care manager pour les accompagner et concilier au mieux leur activité professionnelle et leur rôle d’aidant familial.
Podcast
Dans l’entreprise, facilitons la vie des aidants familiaux
Dans cet épisode, vous découvrirez des leviers d’actions que toutes les entreprises peuvent mettre en place dans le cadre de la négociation collective pour aider les aidants.
FAQ
Qu’est-ce qu’un aidant ?
Beaucoup d’aidants le sont, sans le savoir et cette situation leur vaut des droits et des aides dont ils n’ont pas toujours connaissance.